Deux loups affamés décident d’aller chercher quelque chose à se mettre sous la dent... L'un regarde en l'air, l'autre à terre...
Ahmed Hafdi
Les deux loups affamésIl était une fois deux loups, deux loups qui avaient terriblement faim.
Ils ne trouvaient rien à se mettre sous leurs terribles crocs. Ils en avaient perdu le sommeil.
Cette nuit-là, ils étaient d’accord pour changer d’endroit. Toujours aux aguets, ils marchaient à pas de loups, les oreilles dressées, ils écoutaient le moindre bruit, flairaient la moindre odeur.
Soudain un des loups sursauta, regarda l’autre loup et lui dit :
– As-tu entendu, comme moi, le chant d’un coq là-bas dans la forêt ?
– J’ai entendu le chant d’un coq, mais je crois que ce ne sont que des hallucinations !
– Chut ! Tais-toi ! Tu entends bien le chant d’un coq !
– C’est vrai, tu as raison ! Cette fois-ci mes oreilles ne l’ont pas inventé ! Ce n’est pas un mirage. Mais notre problème c’est que ces volatiles sont souvent perchés sur les arbres.
– Tentons notre chance, peut-être que nous serons assez malin pour l’attraper !
Ils mirent le chemin de la forêt sous leurs pattes.
À l’orée du bois, le second loup, qui avait très peur du noir, décida d’abandonner là.
Le premier loup, lui, n’hésita pas. Il s’enfonça dans les broussailles. Il était sans doute plus affamé ou plus audacieux que son ami. Il cherchait de bosquets en bosquets.
Arrivé dans la clairière, il aperçut enfin un coq chantant perché sur le sommet d’un arbre.
– Bonjour Monsieur le Coq ! Vous êtes le roi des muezzins ! Mon désir serait que vous descendiez et que l’on partage une prière ensemble.
– Désolé cher loup ! Je n’ai pas encore fait mes ablutions. Mais un peu plus loin là-bas au pied de cet arbre, un ami qui m’est cher sera heureux de prier avec toi. N’hésite pas à le réveiller !
Le loup se précipita vers l’arbre que lui avait indiqué le coq. Il se pourléchait les babines.
– Enfin quelque chose à se mettre sous la dent ! pensa-t-il.
Sa joie fut de courte durée. À peine arrivé près de l’arbre, surgit un chien de chasse.
Le loup aurait voulu prendre ses jambes à son cou mais il était trop tard. La peur le paralysait. La queue basse, le regard méfiant, il dit :
– Voudriez-vous prier avec moi ?
– Ô Pauvre de moi, je voudrais bien ! Mais j’ai un terrible mal de tête ! Surtout quand je vois un loup !
– Je sais ce qui peut guérir votre mal de tête ! De la cervelle ! Ça tombe bien j’ai laissé à l’orée du bois une belle proie avec une grosse cervelle. Parce que moi je vous aurai bien offert la mienne mais je l’ai perdue et je n’en ai plus !
Le chien n’était pas d’humeur à écouter ces balivernes. D’un bond il se saisit du loup et le dévora.
Quant à l’autre loup resté à l’orée du bois, il entendit un horrible cri résonner dans la forêt. Il sut qu’un grand malheur était arrivé à son compagnon. Il était heureux de ne pas l’avoir suivi. Il leva les yeux au ciel et vit les dattes d’un palmier. Il se dit :
– Ah ! Ces délicieuses dattes suffiraient à calmer ma faim, mais je ne sais ni grimper aux arbres, ni bondir très haut. Je me contenterai de celles qui tombent par terre ! La gueule grande ouverte, il attendit sous l’arbre.
Mon conte est tombé du palmier, le loup l’a avalé.