Pour punir le hérisson, le lion, roi de la forêt, l'avale. Mais c'était sans compter sur ses piquants ! A peine ressorti, le hérisson lui lance un défi ! Saura-t-il le remporter ?
Mohamed Bahi
Le garçon aux grandes oreillesUne fois, un lion, roi de la forêt a convoqué tous les animaux. Tous avaient répondu présents : ils étaient là au moment et au lieu indiqué. Un seul a manqué ce rendez-vous décisif : c’est le hérisson. Il est arrivé en retard.
Le lion, en colère, lui demande la raison de ce retard.
– J’avais des courses à faire et quelques affaires à régler, répond la petite voix.
– Quelle arrogance ! Tu ne respectes plus personne, tu n’as plus honte.
Sur ce, le lion n’en fait qu’une bouchée et l’avale. Mais le hérisson ne se laisse pas faire. Il se gonfle, s’enfle dans la gorge du lion et se met à manger la chair et la graisse. Le lion est pris d’un malaise ; il tousse et vomit du sang. Alarmé par sa santé qui se dégrade, il réfléchit longuement à sa situation. Il regrette d’avoir avalé le hérisson et le prie de sortir en lui affirmant qu’il ne lui en veut pas et qu’il lui a pardonné son retard. Mais le hérisson ne peut pas lui faire confiance. Il lui demande alors de prêter serment de ne pas lui faire de mal. Le lion jure. Le hérisson lui demande alors d’ouvrir grande sa gueule et de tousser. C’est ainsi que le hérisson s’extirpe et se jette par terre.
Sitôt libéré, le hérisson lui lance un défi. C’est ainsi qu’ils décident d’un commun accord de s’affronter loyalement. Chacun viendra avec son armée. Le jour de la bataille arrive. Le roi des animaux fait venir tous les lions : leurs rugissements retentissent dans toute la forêt, terrifiant toute la faune. Comme à son habitude, le hérisson arrive un peu tard, sur le dos d’une poule suivie de ses poussins qui remplissent la forêt de leurs caquètements et gloussements (djaou, djaou, djaou). Il tient un sac, un ballot (abiaâ en langue berbère) plein de guêpes. Une fois arrivé près des lions, le hérisson ouvre le sac, les guêpes se jettent sur les lions et commencent à les piquer. Les lions mugissent, s’enfuient et se cachent tous dans une tanière.
Le hérisson, juché sur la poule suivie de ses poussins, les poursuit et se poste devant leur cachette. Chaque fois qu’un lion sort pour voir si le hérisson et son armée sont partis, il se tourne vers les autres lions et leur dit : « ils sont toujours là ». Avant de partir, le hérisson enlève une plume de la queue de la poule et la met devant le trou par lequel il était épié. Chaque fois qu’un lion s’aventure pour voir si le hérisson n’est plus là, il voit la plume que le vent agite, et se tourne vers les autres fauves en leur disant : « son cheval (Ayss en langue berbère) est encore là ». Les lions restent enfermés, jusqu’à ce qu’ils soient tous décimés par la faim et la soif.
Je l’ai laissé dans le mal et je suis revenu.