Compte rendu
Le mercredi 08-11-2017 à 16h00 à la Villa des Arts de Rabat a eu lieu la rencontre /débat consacrée à la culture orale organisée par IN’S.
kenza Sefrioui directrice de la maison d’édition « en toutes lettres » présente IN’S et la thématique à savoir la réinvention des héritages. Ensuite, Driss Ksikess présente de manière succincte le prix In’s. Prix annuel prônant la réappropriation des héritages : dramaturgie, slam, conte (voir détails sur le site de la plateforme IN’S).
La parole ensuite a été donnée à Bariz, conteur et figure emblématique de la place Jamaa Lafna à Marrakech, il raconte un conte des Mille et Une Nuits en arabe (كيد الرجال أخطرمن كيد العيالات).
- Galaret, conteur français (Quercy) raconte trois contes :
- le trésor de Samarkand ;
- la grotte ;
- le cordonnier.
La rencontre s’est poursuivie d’une table ronde modérée par M. Bahi de l’association OCCAD. Les deux intervenants sont Mme Daniella Mirola de L’INALCO à Paris et M. Elmostapha Chadli de l’Université Mohammed V à Rabat.
Dans un premier temps le modérateur a rappelé le thème de cette rencontre : la tradition orale entre écrit et orale, il a surtout mis l’accent sur le texte des Mille et Une Nuits, son origine et sa transmission. Puis il a présenté les deux axes du débat.
Axe 1 : les mille et une nuits, origine et transmission ;
Axe 2 : le conte oral et son renouveau
Mme Merola intervient en premier. Après avoir mentionné l’origine hindoue, persane et arabe des MUN, elle souligne que si ces textes ont fait tout ce voyage dans le temps et ont réussi à se déplacer sans se soucier de frontières, c’est grâce à leurs contenus tels que la tolérance, l’humour et l’ironie. Quant à la question de l’écrit et l’oral, Mirola considère que l’oralité dans son approche multimédia gagne beaucoup et a fortiori quand elle use de l’image ; elle a cité à ce propos son expérience avec le cinéma amazigh dans la Kabilye en Algérie et dans le Rif et le Souss au Maroc.
Pour M. Chadli, les MUN sont un texte oral mais réécrit, jamais écrits de manière achevée comme c’est le cas des fables d’Ibn Almouqaffaa. C’est une sorte de vulgate manuscrite dont les ressorts dramatiques font sublimer et émerveiller. Comme tous les contes, les MUN fascinent, nous les retrouvons dans les films contemporains : Harry Potter et autres.
Axe 2 : comment le conte peut-il penser son renouveau ?
- Chadli remarque que jusqu’aux années 70 on a pensé que la technologie tuerait le conte (exemple les films de Disney et autres, les séries télévisées…) mais un simple tour d’horizon sur internet montre l’actualité et l’intérêt pour le patrimoine oral. Les initiatives qui ont pour objectifs la promotion du conte sont de plus en plus nombreuses surtout en Occident. Il fait remarquer que chez nous aussi il y a ce regain d’intérêt au conte, et donne entre autres exemples la reprise actuellement de ce patrimoine oral par les opérateurs téléphoniques dans leurs annonces publicitaires. M. Chadli ajoute que le conte a ceci de particulier, il rassure et donne de la force contrairement aux légendes urbaines.
Pour Mme Mirola le renouveau du conte se trouve dans la technologie car il n’y a pas d’antinomie entre le progrès technologique et la tradition orale chacun se sert de l’autre. Mme Mirola considère que l’écriture est une extension de l’oralité, c’est donc un continuum.
Le débat auquel a pris part le public a montré l’intérêt porté par ce dernier aux deux interventions. En effet, les personnes qui ont participé au débat ont souligné ce pouvoir qu’a le conte sur les êtres humains il interpelle et touche leur intérieur (Galaret) ; il met en exergue leur créativité (Bariz) ; il est un vivier, toutes les affaires de l’humanité y sont traitées, le conte n’est pas à sauver, c’est lui qui sauve le monde (Safwane).
A la fin de cette rencontre le modérateur intervient pour mettre l’accent sur l’importance des travaux qui ont été réalisés et qui se réalisent sur et autour du patrimoine oral, il a également souligné que l’organisation de cette manifestation par IN’S, s’inscrit dans ce cadre.